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Hello! Je m’appelle Debbie, et je souffre de problèmes de santé mentale [Semaine Nationale de la santé mentale]

Avant de commencer, j’aimerais aviser les gens que je vais parler de sujets lourds et traumatisants, incluant l’automutilation et le suicide. J’avise aussi les lecteurs que je parle de mon expérience personelle: si vous connaissez une personne qui pourrait vivre avec des troubles de santé mentale (ou vous-même pensez en souffrir), consulter un professionel de la santé qualifié. Je me suis pas un docteur.

Ok, maintenant que le disclaimer est dit… Bonjour, je m’appelle Debbie: je vis avec la dépression, l’anxiété, et un potentiel trouble borderline de personalité limite sur une base quotidienne depuis + de 15 ans, avec une dose de syndrome du choc post-traumatique par-dessus tout ça, et quelques épisodes de phase suicidaire par le passé.

Ceci est mon coming out de santé mentale.

En cette Semaine Nationale de la Santé Mentale (du 7 au 11 Mai), je trouve important de faire ma part et de parler un peu de mon expérience ici, pour faire ma part quand à la sensibilisation sur le sujet. Les gens qui ne souffrent pas de ces divers troubles ont énormément de misère à comprendre toute la douleur, tant physique que mentale, que peuvent procurer ces troubles, et combien ça peut handicapper la vie des gens affectés sur une base quotidienne! Bien souvent, les gens qui entendent les dépressifs s’exprimer sur le sujet pensent qu’on exagère nos symptômes, et que toute est dans notre tête.

Non, se forcer à sourire ne va pas faire disparaitre la dépression comme par magie!
Non, faire du sport et mieux manger ne va pas magiquement nous aider à mieux fonctionner dans le quotidien!
Oui, les médicaments peuvent être une source importante dans le processus de soins d’une personne affectée par un trouble de santé mentale!

Et etc, etc…

Dans mon cas, je souffre en premier lieu énormément d’anxiété mixé à un syndrôme de choc post-traumatique, lié à toutes ces années de mon enfance et adolescence à vivre des situations de vie traumatisantes. Ce qui affecte ma vie (depuis si longtemps) de pleins de façons:
– douter constamment de tout mon entourage, de mes proches, de mes relations, de mes compétences;
– ensuite, redistribuer ces angoisses et ces colères sur mes collègues, mes amis, mes relations amoureuses, mon enfant;
– avoir des problèmes à croire les autres, avoir le sentiment qu’on me ment constamment, ou qu’on abuse de mon empathie et sympathie pour gagner des faveurs et finir par me faire abuser;
– les terreurs et cauchemars nocturnes;
– se réveiller en état de panique, à angoisser sur la mort et ses proches;
– le sentiment constant de se sentir vide à l’intérieur;
– le sentiment de se sentir incompétent, peu importe dans quoi;
– le syndrôme de l’imposteur;
– la peur d’être abandonnée;
– insomnie, ou énormément de fatigue, par phases;
– binge de nourriture, suivi de moment où je me prive de manger (ou que je n’y arrive pas, lors de mes épisodes dépressives);
– envie de m’ouvrir les veines par phases;
– etc.
Les épisodes de dépression sont surtout arrivés à des moments où je n’arrivais plus à garder toutes mes émotions en dedans, et où  je n’avais plus aucun contrôle sur les événements dans ma vie: j’explosais comme un volcan, m’amenant ainsi à considérer quelques idées (et plans) suicidaires, ainsi que beaucoup d’automutilations (non, ce n’est pas juste des traces de lames sur la peau, l’automutilation!). Et comment j’ai su que j’entrais en dépression majeure? Quand je commençais mes cycles d’alcoolisme intense, à faire le party presque tout le temps et vouloir noyer mes émotions dans l’alcool, pour tout oublier temporairement et réussir à vivre sans devoir confronter les problèmes qui étaient pognés dans ma tête…

Bref, j’ai un lourd passé où  j’ai accumulé énormement de troubles mentaux à cause de tout ce que j’ai véçu, mais je l’ai toujours (trop) bien cachée, ce qui fait que la majorité des gens ne s’en sont jamais, et je dis bien JAMAIS!, douter que ça n’allait vraiment pas. Et depuis au moins deux ans, j’ai commencé à travailler avec mon médecin de famille, ma psychologue, une aide psychiatrique sporadique, et avec beaucoup d’introspection, de réflexions, et de médicaments pour finalement m’aider à passer au travers sans en mourrir. Littéralement.

La semaine nationale tombe au même moment où je “célèbre” un moment encore douloureux que j’ai véçu il y a deux ans: j’ai passé un après-midi à l’urgence de l’hopital psychiatrique avec deux proches, car j’en étais rendue à avoir des idées et plans suicidaires. Si ce n’était pas de ces proches, qui me connaissent assez bien pour avoir su, à ce moment, que je n’allais vraiiimmmmment pas, je ne sais pas si je serais encore ici pour écrire ces lignes…

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La raison principale pourquoi j’ai décidé de faire mon “coming out” sur ma santé mentale est, en premier lieu, de sensibiliser les gens sur ce sujet. Il y a encore trop de stéréotypes négatifs propagé sur ce sujet, et ça affecte grandement le moral et l’estime de soi des gens affectés (comme moi), et ça peut même remettre en cause les traitements que nous tentons d’obtenir pour réussir à mieux vivre. Bref, si en parlant de mon expérience à moi, j’aide d’autres personnes à être conscient que les problèmes de santé mentale sont tout aussi valide que les problèmes de santé dits physique, good for all of us! Le cerveau, que les troubles mentaux affecte, fait partie du corps humain, alors je ne vois pas pourquoi on doit considérer cela comme moins important, moins problématique!

L’autre raison pourquoi j’ai commencé à en parler autant est aussi pour que ceux qui ont trop peur de parler de leurs propres inquiétudes, troubles et douleur puisse enfin sentir qu’il y a des gens comme eux, qui peuvent comprendre ce qu’ils vivent au quotidien. J’ai la chance d’avoir eu plusieurs témoignages de la sorte dans les derniers mois, et ça fait du bien de savoir qu’on a un petit impact, aussi minime soit-dit, sur la réflexion des gens à aller chercher de l’aide pour eux-mêmes. Ça fait toujours du bien de savoir qu’on aide les autres.

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Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, même si j’ai encore des cycles irréguliers concernant mon anxiété. Je réussis à fonctionner au quotidien grâce aux médicaments qui contrôlent mon humeur. My god que j’ai hésité avant de prendre des médicaments: j’avais toujours les préjugés en tête concernant la médication, et je pensais que je n’étais pas assez “malade” pour devoir en prendre. Que j’étais faible de devoir en dépendre pour enfin réussir à fonctionner dans la vie.

Je me suis rendue compte,  à ce moment-là “C’est fou comment les préjugés de la société peut nous affecter”. Dire que je refusais de prendre des médicaments qui allaient me sauver la vie, bâtard! Juste parce que les préjugés sont encore tenaces face à la santé mentale…

Bref, je vais mieux, mais ce ne sera jamais normal pour moi. J’apprends tranquillement à fonctionner au jour le jour, à comprendre pourquoi j’agis ou pense de certaines façons, pourquoi j’ai des peurs qui me rendent en état de panique extrême dans certaines situations…J’apprends aussi l’origine de mes maux, à savoir pourquoi j’ai autant d’anxiété, et comment le combattre pour devenir une meilleure personne, capable de bien fonctionner et de bien vivre en société. Je réapprends mes émotions, mes sentiments, et mes peurs; je réapprends à dire non et à pousser les gens toxiques hors de ma vie. Surtout mes parents, car malheureusement dans mon cas, c’est par la famille que beaucoup d’événements traumatiques me sont arrivés. Non, manger mieux et faire du sport ne m’aide pas: je l’avais essayer, et je n’arrivais pas à taire la voix anxieuse dans ma tête qui me faisait douter de tout, et de tous. Mais oui, prendre du temps pour soi m’a aidé à me recentrer, à être seule avec mes démons, et à les confronter enfin, pour pouvoir recommencer à vivre convenablement.

Parce qu’au final, mon enfant a le droit d’avoir une mère en bonne santé, tant physique que mentale!

 

To be continued…

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